Ressource
Si vous cuisinez de temps à autre avec les enfants de votre milieu, vous réalisez peut-être l’ampleur du potentiel éducatif des activités culinaires. Et que dire de leur popularité auprès des jeunes ! Vous aimeriez faire un pas de plus et mettre en place une offre structurée d’ateliers de cuisine pédagogiques ? Que vous œuvriez dans un milieu de la petite enfance ou en milieu scolaire primaire, voici quelques pistes pour démarrer votre projet et en faire un succès.
Plaisir, découverte, éveil sensoriel et expérimentation… ces ingrédients donnent toute leur saveur aux projets d’ateliers culinaires éducatifs destinés aux enfants. À la fois pédagogique et ludique, ce type d’activité favorise le développement de saines habitudes de vie et une variété d’apprentissages.
Mettre sur pied un tel projet exige une dose de préparation et de logistique, mais, comme pour toute recette, l’important est d’y aller étape par étape. Gardez également en tête que rien ne vaut l'accompagnement d'un organisme formateur tout au long du processus.
1- Se questionner sur le type d’atelier culinaire souhaité
Bien avant de sortir les planches et les couteaux, une bonne réflexion s’impose afin de définir précisément le type d’activité culinaire que vous souhaitez réaliser. Voici des questions essentielles à vous poser :
- Quel est l’objectif ?
Voulez-vous apprendre aux enfants les techniques culinaires de base ? Ou plutôt miser sur l’exploration sensorielle ? Désirez-vous valoriser les aliments cultivés au jardin éducatif de votre milieu ? Visez-vous plutôt des activités parents-enfants ? Souhaitez-vous axer l’éducation culinaire vers un domaine d’apprentissage précis (mathématique, lecture, sciences, etc.) ? Avez-vous l’intention d’aborder certains concepts, comme la cuisine du monde, les aliments locaux ou les recettes pour les boîtes à lunch ? - À qui s’adresseront les activités ?
Selon les paramètres de votre choix (niveau scolaire, âge, bâtiment ou installation, etc.), vous souhaiterez proposer les ateliers à tous, ou alors circonscrire l’offre à des groupes précis. - Quand et à quelle fréquence auront lieu les ateliers ?
Seront-ils intégrés à l’horaire régulier pendant la journée, ou plutôt offerts en parascolaire, le soir ou la fin de semaine ? Se tiendront-ils sur une base hebdomadaire, mensuelle, annuelle, ou de manière ponctuelle ? - Quel sera le niveau d’implication des enfants ?
Souhaitez-vous organiser de simples ateliers ludiques de cuisine ou ambitionnez-vous d’aller plus loin ? Cherchez-vous à offrir un projet complet en littératie alimentaire, impliquant les enfants de A à Z dans le processus : de la planification des recettes en passant par les achats, le nettoyage des aliments, la préparation, jusqu’au rangement et au nettoyage de la vaisselle ?
Vous l’aurez compris, les possibilités sont multiples, et il existe autant de réponses qu’il y a de projets !
2- Trouver des allié·es pour nourrir le projet
Une fois les bases bien établies, rien ne vaut une équipe pour solidifier le tout. En s’unissant, il sera plus facile de convaincre la direction, les collègues et les parents des avantages des ateliers culinaires pour les enfants de 2 à 12 ans.
Cela dit, il est rare qu’il soit nécessaire de déployer des efforts pour persuader les petits cuistots ! L’idéal est de mettre en place un comité, avec une ou quelques personnes-ressources qui chapeautent le projet. À vous de voir les possibilités pour le recrutement : membres du personnel, familles des enfants, organisme externe, etc.
3- Définir les rôles et s’organiser
Maintenant que les gens sont rassemblés et motivés, mieux vaut bien définir les rôles. Qui va faire quoi ? L’animation des activités, les achats, la gestion de l’équipement culinaire et pédagogique, la coordination de l’horaire, le nettoyage, l’impression des recettes sont quelques exemples de tâches à attribuer.
Il faudra aussi trouver des ressources ! Au niveau du budget, pensez aux aliments, à l’équipement, à l’organisation d’une formation, etc. Diverses subventions, commandites ou mesures peuvent vous donner un bon coup de pouce.
Les ressources humaines seront également précieuses, autant pour l’animation que pour les tâches connexes. Serait-il possible de dégager des membres du personnel de leurs tâches régulières ? Ou de remanier les horaires ? À titre d’exemple, dans certains milieux, des éducateur·rices au service de garde scolaire animent des ateliers culinaires en classe, pendant l’horaire régulier.
De plus, ce sera le moment de déterminer un lieu. Bonne nouvelle : il n’est pas nécessaire d’avoir une cuisine tout équipée pour cuisiner avec un groupe d’enfants. Bien souvent, un local de classe ou tout autre local polyvalent fait parfaitement l’affaire, du moment qu’il y ait suffisamment d’espace pour tout le monde, quelques tables selon le nombre de cuistots et un accès à de l’eau et à un réfrigérateur à proximité. Pour les recettes avec cuisson, on peut accomplir beaucoup avec une simple plaque de cuisson portative ou un mini-four.
4- Se procurer le matériel culinaire et pédagogique
Vous aurez bien sûr besoin de matériel pour cuisiner. Encore une fois, un équipement de base est souvent suffisant pour réaliser de nombreuses recettes : planches, couteaux (à beurre ou d’office, selon l’âge), bols, ustensiles de mesure, râpe, etc.
Inutile de se procurer au gros prix des appareils sophistiqués. En revanche, il est essentiel de réfléchir à un système d’organisation des items (ex. : bacs de rangement, armoires, etc.) pour faciliter l’utilisation du matériel et éviter les pertes. On ne s’en sort pas non plus sans un minimum d’équipement pour le nettoyage (égouttoir, bac, linges, etc.).
En ce qui concerne les recettes et le matériel pédagogique, il existe toutes sortes d’outils clés en main conçus pour l’éducation culinaire des enfants. À cet égard, participer à une formation peut être très aidant.
5- Planifier le menu
Comme dans votre propre cuisine à la maison, une bonne planification permettra des économies de temps et d’argent, en plus de réduire le gaspillage alimentaire. Cela passe notamment par la construction du calendrier et par le choix des recettes.
Par exemple, si vous prévoyez cuisiner un chili avec six groupes d’enfants, il serait judicieux de prévoir ces ateliers la même semaine, afin de diminuer les pertes de légumes frais et le temps de préparation du matériel requis.
Les saisons peuvent également influencer vos choix, tout comme la durée prévue des ateliers, la façon de structurer vos animations et les tâches à réaliser, avant et après. Enfin, assurez-vous de prendre en compte la gestion des allergies alimentaires dans votre planification.
6- Bien communiquer l’information
Afin que le projet « roule », veillez à fournir les bonnes informations aux bonnes personnes : l’horaire aux directions et aux équipes, votre liste d’ingrédients à la personne responsable des allergies alimentaires, les recettes (en format imprimé ou virtuel) à remettre aux parents après les ateliers, etc.
Bien communiquer, c’est aussi bien coordonner l’horaire, autant celui des enfants que la disponibilité du local. Il serait dommage de planifier un atelier avec un groupe d’élèves pendant leur période d’éducation physique, ou encore dans un local polyvalent qui aurait été réservé simultanément pour un cours de danse. Enfin, annoncer les ateliers aux enfants est une belle façon de mousser leur intérêt !
7- S’assurer que le projet perdure
À la lumière de ce que nous observons dans les milieux que nous avons formés au cours des 10 dernières années, les projets qui perdurent ont souvent certains éléments en commun :
- Des directions convaincues;
- Des milieux où s’impliquent plusieurs intervenant·es, qui ont tous participé à une formation;
- Des ateliers offerts à tous (ex. : tous les groupes d’un CPE, toutes les classes d’une école, toutes les écoles d’un centre de services scolaire);
- Une bonne organisation et planification;
- Une répartition des tâches (ex. : les notions sont vues par l’enseignant·e en classe, un·e autre intervenant·e s’occupe de l’animation culinaire et une autre personne se charge des achats).
Néanmoins, il est tout à fait possible d’opter pour la simplicité et de viser un projet à petite échelle, que vous garderez bien vivant au fil du temps.
Enfin, ayez en tête qu’il n’existe pas de recette magique pour organiser des ateliers culinaires ! À vous de trouver la vôtre, en vous assurant d’y saupoudrer une bonne dose de réflexion et d’organisation afin que les enfants en bénéficient autant que possible, durant de nombreuses années !